Comme on me l'a dit récemment, je ne poste pas beaucoup ces jours-ci. Désolé, j'ai été pas mal occupé ces derniers temps, entre le Japonais à apprendre, les démarches administratives à l'Université et les sorties (Accessoirement, j'avais aussi un peu la flemme :). Bref ! Où en étais-je ? Ah oui. Au Week end du 3 et 4 Octobre.
Laissez moi d'abord planter le décor: l'an dernier, j'ai fait ce qu'on appelle à Supaero "stage ouvrier", c'est à dire en gros une expérience professionnelle là où on trouve de la place pour vous. Pour les chanceux et ceux qui ont des "relations" (l'idéal étant le papa président de la république), ça peut être plutôt sympa, les autres doivent se débrouiller. Il se trouve que, dans mon cas, j'ai eu du bol, pour une fois. En cours de Japonais durant l'année, j'ai entendu parler d'une association qui organisait deux mois au Japon, le premier en famille d'accueil avec des cours de Japonais et des expériences culturelles diverses dans le pays, et le deuxième mois, en stage en entreprise. Ni une ni deux, j'ai sauté sur l'occasion. Je n'avais jamais eu la chance de sortir d'Europe et ça faisait un moment que le Japon m'intéressait, donc ça m'a réglé le souci de la recherche du stage ouvrier. Il se trouve que, bien que le boulot à l'hôtel "à la Japonaise" fut assez dur, ça m'a donné l'occasion de découvrir un pays fascinant et très attachant, que j'ai eu bien du mal à quitter fin Août 2008, me promettant toutefois de revenir coûte que coûte, dès que j'en aurai l'occasion. Donc, au cours de ma deuxième année d'étude à Toulouse, peu à peu je n'avais plus qu'une chose en tête: substituer ma troisième année par un double diplôme à l'Université de Tokyo. Je vous passe les détails pour le moment sur les galères innombrables auxquelles j'ai du faire face, j'y suis parvenu. Et aujourd'hui, pour moi c'est le seul truc qui compte.
Voilà pour la petite histoire sur "Comment j'ai connu Chigasaki". Le week end du 3 et 4 Octobre, après avoir prévenu ma famille d'accueil qui n'en revenait pas que j'étais de retour et qu'on se soit fixé un rendez-vous, Je suis parti. Une petite heure de train avec un changement à Yokohama plus tard, me voilà. Bon, je suis à la gare, il me reste encore une demie heure de marche à pied pour arriver chez eux :( . Finalement, je la vis, ou plus exactement la revis. La maison où j'ai vécu durant deux mois !
Après un an, et tous les trucs que j'ai du affronter pour revenir au Japon, c'est la première fois que j'ai vraiment réalisé à quel point j'ai de la chance d'avoir pu refaire le voyage, et à quel point cela allait être incroyable. Avant le départ, je pensais un peu à tout ça, mais ça me faisais pas vraiment d'effet. Là, je me suis vraiment pris une sacrée claque: "Mec, tu l'as fait. Tu vas vivre deux ans et demi à Tokyo. Tu vas parler Japonais, tu vas rencontrer des tas de gens venus du monde entier, te faire des tas de nouveaux potes !" Tout ça m'est tombé sur la tête au moment précis où j'ai revu cette maison.
Forcément, les retrouvailles, ça été un peu la séquence émotions. Il faut dire qu'elle était géniale, cette famille d'accueil ! On a beaucoup parlé de tout ce qu'il s'était passé depuis un an, si tout le monde faisait toujours le même sport, la même activité, ce qu'apprenaient les enfants à l'école cette année, etc.
J'ai rejoué aux jeux de sociétés avec les gamins, ils sont balèzes aux échecs (Il faut dire que je suis assez nul aussi, mais ils m'ont déjà fait des coups fourrés dont j'ai eu bien du mal à me sortir !) Ils m'ont appris un nouveau jeu auquel je suis vite devenu accro: le Shôgi, à savoir les échecs Japonaises. En gros, ça ressemble énormément aux échecs sauf que le plateau fait 81 cases et que l'on peut utiliser à son insu les pièces que l'on prend à son adversaire. Ca, ça change totalement les stratégies de jeu. Il faut faire vraiment attention avant de sacrifier l'une de ses pièces !
Instant fail
J'ai décidé que j'allai aussi raconter les trucs débiles qui m'arrivent ici, vu que ce blog ça sera vraiment un souvenir important pour moi de ce séjour extra longue durée. Chaque fois, vous verrez juste avant la mention "Instant fail", qui annoncera qu'un truc stupide m'est arrivé.
Cette fois, j'ai fait particulièrement ridicule. Le soir, on est sorti se balader avec le père et trois de leurs quatre enfants. On est passé sous l'autoroute qui passe juste à côté de la maison (il y a aussi une ligne de train juste derrière, donc autant dire qu'en France, cette maisonnette ne serait vraiment pas une affaire). Il y a un passage pour les piétons et les vélos. A l'arrivée, on trouve une petite allée, avec des chats apparemment abandonnés. Les enfants leur filent à manger, et 5 minutes après on repart.
Jusque là, tout va bien. C'est au moment ou le petit, en vélo, s'est mis à pédaler à toute berzingue pour jouer. Tout le monde s'est mis à courir pour le rattraper. J'adore sprinter, donc je me lance moi aussi. Et pour épater la galerie, j'ai tracé comme un méga dingue. Je double rapidement l'une des filles, mais j'avais zappé un détail fatal: sur le sol, dans l'allée piétonne qui passe sous l'autoroute, était en pente légère et jonché de mousses vertes à la con. Et ce qui devait arriver arriva. J'ai dérapé, senti que mon buste passait dangereusement devant mes pompes, et ce fut la fin. Un très très beau vol plané, avec atterrissage sur le ventre. Bien entendu, il fait chaud en Octobre à Chigasaki, donc je suis en T-shirt (paix à son âme), mais ouf, j'ai eu la chance d'avoir en Jean.
Je me suis vraiment ruiné la tronche, quelque chose de bien. J'avais les deux mains en sang, des brûlures grosses comme des mandarines sur les coudes et je sais pas comment j'ai fait mon compte, mais je me suis aussi cramé salement le genou gauche à travers le jean (qui a quelques séquelles). En plus, comme je suis asses grand, je me suis aussi pourri le dos sous la violence du choc contre le béton.
Donc, je suis là, allongé en pleine méditation sur "Mais pourquoi j'ai fait se truc à la c.. ????!!!!". J'ai fait vraiment peur à tout le monde, je me relève, et j'essaie de la faire genre il s'est rien passé. Donc je rigole, tout le monde me dis "ça va ? Tu t'es pas fait trop mal ?" et moi, je dis le sourire crispé aux lèvres "Ah ah ! Mais non, je suis Français ! on connaît pas la douleur nous !" (En fait, autant sur le moment j'avais vraiment pas mal, autant après quand il a fallu nettoyer les plaies, plier les genoux pour monter les escaliers et trouver une position pour dormir, là j'ai bien jonglé.
Au moins, j'ai sauvé la face à peu près, en ne montrant jamais le moindre rictus de douleur. Du coup, le Dimanche a été un peu pénible.
Voilà, c'était l'instant fail.
Dimanche, donc, j'ai dormi 5 non, 4 heures (couché à 2h pour se lever à 6h, on devait aller emmener les gamins jouer et comme d'habitude, j'ai dit que je venais avant de savoir à quelle heure il faudrait se lever. Donc Youpi, il est 6h, mes plaies (très gentiment soignées par ma mère d'accueil) me font un mal de chien et je dois... Prendre une douche. Sympa avec des plaies, le gel douche.
Donc on va au centre pour les gamins. On commence par une petite séance de jeux sportifs, à laquelle j'ai été plus ou moins contraint de participer. Je me suis donc retrouvé à 7h du matin entouré de Japonais hauts comme trois pommes et de leurs parents à faire le zouave, galoper à droite à gauche, faire des relais, des touche touche. J'étais pas vraiment nostalgique de la maternelle, mais pour faire plaisir, j'ai mis ma fierté de côté. Au moins, les petits se sont bien marrés !
Ensuite, changement de décor, on est allé dans un bâtiment un peu plus loin en ville. Là, pareil, on a fait des jeux avec les gosses, du genre chansons et gestes en rythme (Trois petits chats version Japonaise, pour vous donner une idée).
Et à la fin, un groupe local est venu jouer quelques morceaux au clavier et à l'harmonica. Le type au clavier jouait aussi du mélodika, ils étaient plutôt balèzes !
Là, mon père d'accueil a pris la parole au micro et a déclaré au micro que tout le monde était invité à un barbeuk géant chez lui cet après midi. Là dessus, on est rentrés le barbeuk n'allant pas se préparer tout seul. Le truc sympa, c'est que tous les gens ont ramené à boire et à manger, donc on était parés. C'était bien sympa, j'ai discuté avec des tas de gens pas mal intrigués par la présence d'un "lonesome cowboy far away from home".
En plus, j'ai appris à faire cuire des Takoyaki, les fameux beignets de poulpe ! C'est vraiment bon, même moi qui ne suis pas vraiment branché produits de la mer, j'adore ça. Faut que j'apprenne à faire la pâte un de ces quatre !
Voilà. Peu à peu, en plus, les langues se sont déliées (la bière Asahi -très bonne, au passage- aidant) et on s'est tous beaucoup amusés. Les gamins ont fait une partie de base-ball arbitrée par mon père d'accueil, c'est dingue de voir à quel point ce sport est apprécié au Japon. J'ai tapé quelques balles aussi, d'ailleurs.
Le soir, j'ai essayé d'apprendre un peu le Light Painting aux gosses. Pour l'anecdote, j'ai particulièrement galéré pour faire comprendre que je cherchais une lampe électrique. Je savais pas comment ça se dit ni en Japonais, ni en Anglais. L'avantage, c'est que maintenant, je sais le dire en Japonais et que je risque pas d'oublier. Ca s'écrit 懐中電灯et ça se prononce "kaille tchou denne toh". Voilà donc quelques photos qu'on a fait avec les gamins, que j'ai pas mal merveillé sur ce coup là (plus en tout cas que quand j'ai joué à Superman le soir d'avant) :
Tout d'abord, un kanji symbole du Japon :
Ensuite, le contour du cadet de la famille (il ressort pas très bien sur la photo malheureusement) :
Enfin, on a essayé de faire une imitation de foudre, mais c'est pas encore ça (en même temps, c'est la première fois que j'essayais de faire du light-painting).
Après, l'heure de rentrer est arrivée assez vite et ils m'ont emmené à la gare. Un truc qui est génial au Japon, c'est qu'il n'y a pas besoin de se soucier de l'heure de son train, des trains qui font Chigasaki - Tokyo, il doit y en avoir un toutes les 5 minutes environ, de 5h du mat à minuit. Hop, je me suis rentré, on devrait se revoir d'ici quelques semaines !